Que la paix, la Miséricorde et la Bénédiction d'ALLAH soient sur vous.
A vous tous mes chers confrères, à vous tous mes chers condisciples, je vous salue, vous rends grâce et vous remercie en même temps; venant enfin aujourd'hui précisément au sujet du Grand-Magal1 duquel nous approchons - il porte effectivement cette appellation d'ailleurs et recèle l'infinitude de Bienfaits que son initiateur a annoncée - dans l'intention de vous éclairer véritablement le point à partir duquel il fonde son origine et de vous donner une explication de tout rituel qui en est établi.
[ 1On a communément l'habitude d'appeler une commémoration par le terme Magal, la plupart des notables Mourides en organisent pour diverses raisons à la Gloire de Cheikh Ahmadou Bamba, de sorte que la connotation "Grand-Magal" singularise la seule commémoration recommandée par le Cheikh à l'ensemble des disciples.]
Dieu a fait que cette sainte ville de Touba, lorsque Serigne Touba lui même la fonda, c'est strictement un septennat que Dieu lui permit d'y séjourner; à la septième année correspondant à l'an 1313.H (1895), courant du mois sacré de Ramadan, il procéda à la retraite spirituelle de l'Ih' tikâf2 dans l'actuelle mosquée que Serigne MBacké Madina vient de reconstruire.
[ 2 Ih' tikâf : C'est l'excellente pratique surérogatoire de la retraite spirituelle. Le jeûne en est une condition. Elle ne se fait que dans des mosquées comme l'a dit Allah dont la gloire soit proclamée : "Passez ce temps en exercices pieux dans les mosquées." (S.2 - V.83). Pour nous Malékites, la durée maximum qui nous paraît la meilleure pour cette retraite est de dix (10) jours ; elle devra être interrompue au bout de cette durée (Cf. Risâla).]
Dans cette mosquée où il passa les pieux exercices de l'Ih' tikâf, le Prophète - sur lui la Paix et le Salut du Très-Haut - lui apparut en compagnie de la légion de ses vertueux partisans, qui constituent sa sainte garde avec laquelle il est à jamais inséparable. A peine a-t-il vu ces derniers, que toute sa résolution se ramena au désir ardent de s'aligner au rang de ceux-là, les compagnons du Prophète.
Le Prophète lui signifia: "Cela est chose ardue, dans la mesure où ces gens là que tu vois en ma compagnie, c'est leur sang qu'ils avaient alors versé. Or, l'ultime sacrifice du sang versé est une prescription abrogée. Dès lors que l'effusion du sang ne s'ordonne plus, le gage qui pourrait permettre de réaliser ce voeu sera une épreuve des plus pénibles, absolument mise à la charge du requérant qui l'assumera pleinement tout seul sans recourir à personne et il sera tenu d'en pâtir dignement jusqu'au bout pour pouvoir l'impétrer [la palme du martyre] ... "
"... Par conséquent, je voudrais, puisque tu es, quant à toi, à trois mois de la station de PÔLE DE L'EPOQUE3, car personne n'en est investi sans atteindre les quarante ans, or tu es à trois mois d'intervalle de tes quarante ans, je peux te faire brûler ces trois mois aujourd'hui même et t'élever au rang de PÔLE DE L'EPOQUE."
[ 3 Pôle : "Al Qutb"; il est au sommet de la hiérarchie mystique des hommes de DIEU (Rijâlu l-lâhi). Il est l'héritier du Prophète et DIEU lui dispose la destinée des êtres humains dans la période prophétique à laquelle il préside. Il connaît la Loi Pure (législation contenue dans les Livres révélés) et la Vérité Radieuse (contenue dans la Tablette bien gardée). Il passe par tous les stades de la hiérarchie mystique avant d'être promu à la dignité polaire par Muhammad, l'Envoyé de DIEU. (Cf. L'introduction sur le soufisme.)]
Il (Serigne Touba) lui fit savoir: "Certes cette proposition est sublime et intéressante aussi. Mais, c'est bien dommage, ma vision la transcende car, à présent, mon ambition est, quant à cette légion qui vous accompagne, d'en être membre."
Le Prophète (l'avisa de ceci): "Ce qui te fera compter parmi eux est une somme d'épreuves trop lourdes. C'est à plusieurs reprises qu'une personne est arrivée au stade où tu es actuellement et à qui je suis apparu exactement comme je le fais avec toi et qui n'eut d'autre ambition que d'en faire partie, mais l'épreuve qui est le gage de son admission une fois mise à sa charge, il finit par être secouru, sinon il serait tombé dans la disgrâce. Mais un seul sujet mis sous le poids de l'épreuve, l'ayant porté jusqu'à être promu à leur rang n'a pas encore existé ..."
"... Donc si cela était de mon gré, tu ne t'y engageras pas, car tu es épris d'un attachement envers moi qui n'est d'ailleurs pas déguisé, alors que je ne pourrais te venir en aide dans l'épreuve; parce qu'en te favorisant de la sorte, on me fera le reproche et je n'accepterai pas le blâme dans mon attitude envers quelqu'un."
Le Cheikh (lui opposant l'objection): "Quant à moi, j'ai une totale ignorance de la nature de l'épreuve que tu mettras à ma charge. N'ayant point suscité mon âme aussi, je ne peux savoir ce qu'il est à même ou non de supporter. Mais je peux certifier par serment que du poids de quelque souffrance que je recevrais, si mon âme le résiste, dans tous les cas ma force morale l'encaissera."
Le Prophète: "Cela est chose conclue, je t'apprends que j'accepte ton voeu. Par conséquent, il te reste plus rien que, de cette ville en l'occurence, tu émigres sans délai. Car tu es mis en confrontation avec tes ennemis contemporains et parallèlement, cette ville [sainte] t'a été mise sous une protection absolue de sorte qu'un malheur n'y s'abattra jamais sur toi jusqu'à la fin du monde. Donc, retire-toi de la ville."
Voilà la raison qui lorsqu'il rompit son jeûne du mois de Ramadan, le conduisit à quitter la ville pour aller se fixer à MBacké Bary4. Je crois qu'il y est resté les mois de Sawwâl, Dûl Qicdati, Dûl Hijjati, Muharram5 et arriva le mois de Safar dans lequel il fut arrêté et déporté.
[ 4 MBacké Bary : C'est une localité du Djoloff (au Sénégal).]
[ 5 Ce sont des mois du calendrier islamique; il veut dire qu'il y est resté le 10ème, le 11ème, le 12ème (en l'an 1312.H) et les 1er et 2ème mois de l'an 1313.H.]
Le Samedi de son arrestation qui fut le 18 Safar, lorsque Serigne Ibra Faty6 partit à Saint Louis7, il fut informé par le Gouverneur de ce qui suit:
- "J'ai envoyé un détachement en vue de son arrestation, car il lui a été adressé plusieurs convocations auxquelles il a refusé de répondre."
- Serigne Ibra Faty: "Pas un seul de ces messages qui lui étaient destinés en convocation, ne lui est parvenu."
- Le Gouverneur: "Toi certes, j'ai la conviction que tu es son envoyé mais entre autre, crois-tu qu'en le convoquant il viendra?"
- Serigne Ibra Faty: "Je n'ai aucun doute sur cela."
- Le Gouverneur (lui donnant l'assurance): "J'ordonnerai aux troupes chargées de son arrestation que partout où mon télégramme leur parviendra, d'y camper jusqu'au lendemain dans l'après-midi, ainsi s'il ne se rend pas, elles pourront aller le trouver jusqu'à sa demeure."
- Serigne Ibra Faty: "Cela est bien possible."
[ 6 Serigne Ibra Faty: Appelé aussi Mame Thierno Birahim MBacké. Il était le frère et disciple du vénéré Cheikh Ahmadou Bamba.]
[ 7 Saint-Louis: Ville située au nord du Sénégal, sur le littoral atlantique. Capitale fédérale de l'Afrique Occidentale Française (A.O.F.) de 1895 à 1902; détachée du Sénégal pour former un territoire particulier. Saint-Louis demeura la capitale du Sénégal jusqu'en 1957. (cf. Atlas Sénégal éd. J.A. 1983)]
Il prit ensuite le train, descendit à Louga. Un vieil homme du nom de Omar Niane8 de la localité de Gujura mit son propre cheval à sa disposition en lui disant: "c'est un étalon qui entretient un dressage de trois ans. Sans vous parler d'épuisement, il a même horreur de chanceler."
[ 8 Omar Niane: Serigne Ahmadou Lamine Diop Dagana, dans son livre intitulé "Irwâ un nadîm min adhbi hubb al khadîm" (l'abreuvoir du commensal dans la douce source d'Amour du Serviteur) nous apprend que Omar Niane était un mouride de Serigne Touba. Il était le Cheikh de Gandiar Niane, une localité située près de Louga. Le lettré de Dagana nous dit en outre que Omar Niane jouissait d'une grande considération auprès de Serigne Touba. A sa mort, le Cheikh lui attribua de nombreuses faveurs et il fut enterré à Diourbel.]
Il enfourcha ce cheval, entama le parcours nocturne, chevauchant toute la nuit. Son auxiliaire, celui qui devait lui servir de guide, en l'occurrence Mame Abdou Lô, s'arrêta à mi-chemin, prétextant qu'il manquait de forme, se coucha et le recommanda à un certain peulh. Il effectua avec ce pâtre (le peulh) une petite distance de marche et ce dernier se déroba à lui furtivement dans la friche.
Abusé, il ne vit plus personne, ne fit plus rien que de laisser le cheval pointer librement de front sur l'itinéraire.
Cavalant aussi sans arrêt, jusqu'au moment de l'appel de la prière de l'aube, il arriva à destination.
A son arrivée, il trouva que le Cheikh avait déjà sorti tous ses effets, de sorte qu'il ne devait lui rester que de partir. En venant prier à la mosquée, lui-même le Cheikh posait la question:
- "Et Thierno, il n'est pas encore de retour ?"
On lui répondit: "Pas encore.".
Mais avant même de prononcer le Salâm qui termine la prière, Thierno était arrivé. Après l'avoir prononcé, il le vit et lui dit:
- "Tu es revenu?"
- "Oui." lui dit-il.
- Le Cheikh [s'adressant à Thierno]: "J'ai donc fait toutes mes préparations."
Il se dirigea ensuite avec lui vers la concession - Thierno voulant lui faire le compte rendu de son voyage - fut-il au seuil de la porte qu'il [le Cheikh] fit brusquement volte-face en s'exclamant: "LÂ ILAHA ILLA L-LÂH ! [Il n'y a de Dieu que Allah !] Moi j'ai failli rentrer dans la maison alors que mon Seigneur m'a informé qu'y retourner m'est formellement défendu, et moi j'allai le faire!"
Il se retourna alors, s'arrêta au milieu de l'esplanade - Thierno tentait toujours de lui parler, mais il lui dit:
- "Ne m'attarde pas ! Il est inutile de m'apprendre quoi que ce soit. Thierno ! sache qu'hier soir lorsque tu t'entretenais avec les Blancs et les Ceddos9 à Louga, debout devant eux sur une sorte de clairière, une butte en clairière, en ce moment précis, la colonie de fourmis qui te montait aux jambes, rassure-toi je les avais en face de moi ..."
"... Thierno ! je ne vais nulle part, je suis simplement en mission . C'est strictement la garde de mes siens que je te confie; pour ma part, tu veilleras sur eux partout où tu auras la possibilité de l'assurer dans le pays [Sénégal] jusqu'à ce que ALLAH me ramène".
C'est à la suite de cela qu'il quitta; il a aussi révélé que c'est en effet à Djéwal où il a rencontré le peloton de gendarmes (chargé de son arrestation) que Dieu lui a accrédité l'Armée Céleste des redoutables cavaliers de Bedr10.
[ 9 Il s'agit ici de Mr Leclerc, Administrateur du cercle de Saint-Louis, chargé par le Gouverneur du Sénégal et dépendances de l'arrestation du Cheikh Ahmadou Bamba. Leclerc était à Louga où il a préparé toute l'opération avec les gardes régionaux. Du côté Ceddo, ils étaient avec le Bour Ndiambour, MBariane et beaucoup de cavaliers du Walo.]
[ 10 Il s'agit ici des anges ayant secouru le Prophète à Bedr.].
Et c'est parce qu'il ne s'est plus séparé d'elle que la machination contingente d'un fils d'Adam ne lui était plus que banalité. Nul ne pouvait lui faire éprouver une crainte en dehors de ALLAH, nul ne pouvait lui tourner la face qu'envers ALLAH. Il ne vivait plus dans la solitude car la compagnie permanente de ces gens de Bedr lui suffisait, alors que le désir de se compter un des leurs restait son objectif fondamental.
Il fut alors déporté et à chaque fois que revenait la date de son départ d'exil, on l'éloignait davantage de son lieu d'internement vers une autre zone. Les redoutables épreuves qu'il endurait, quelques odieuses qu'elles fussent, quand revenait ce jour, on lui infligeait d'autres persécutions qui lui faisaient oublier celles du passé. Il s'en est tenu à cela avec eux pendant sept années,au terme desquelles notre Seigneur lui signifia:
"Ta mission est parachevée, tu t'es acquitté de ton contrat."
Et encore qu'on lui a fait vivre des situations durant lesquelles le Prophète lui a dit:
"Il n'y a aucune forme de secours que je puisse t'apporter sinon, tout ce qui est sur le point de se produire, que je te l'annonce et après te l'avoir annoncé dans l'imminence, m'en retirer".
Il y a un gouffre dans lequel il a été précipité; il est tel que lorsqu'il sombra au fond - a-t-il lui-même raconté - la légion des Anges Rapprochés l'ont trouvé là-dedans pour l'en délivrer.
- "Avez-vous l'ordre de mon Seigneur ?" leur demanda-t-il.
- "Non" répondirent les anges.
- "Je décline vos services" leur dit-il alors.
L'assemblée des Anges Suprême (le Plerôme) l'ont trouvé également là-dedans pour l'en extraire et il leur demanda:
- "Avez-vous reçu l'ordre de mon Seigneur ?"
- "Non" répondirent-ils à sa question.
- "Je regrette alors vos offres" leur dit-il.
Il se passa qu'un certain individu, un être humain, le prit d'un coup par les épaules et le mit à terre; et lui dit promptement:
- "Va poursuivre ta mission !"
Lorsqu'il se retourna, ce fut la religieuse Soxna Bousso11, sa mère.
[ 11 De son vrai nom Mariama Bousso, connue aussi sous le nom de "Jâratu l-lâh" ou DIARRA chez les wolofs. Soxna est la formule qui désigne les femmes vertueuses chez nous. (Cf. Personnages phares du mouridisme: Sokhna Diarra].
Il retourna poursuivre sa mission qui, lorsqu'elle fut parachevée - vous connaissez la Bonté d'ALLAH, Sa Générosité en dons, Son Infinitude de Ressources - donc ALLAH lui apprit que:
"Ce qui avait motivé ton départ est un acquis hors de propos; mais aussi à compter d'aujourd'hui jusqu'à la fin du monde, chaque fois que ce jour reviendra dans le temps, sois rassuré, je te gratifierai d'une récompense pour l'équivalent de ta présente rétribution qui fondait la raison de ton départ."
Il se complut à cela, l'observa, ALLAH aussi le remplissait toujours envers lui, s'acquittant régulièrement de cette facture envers lui, jusqu'à son avènement à Diourbel où il appela les gens pour leurs dire ceci:
- "Quant au Bienfait qu'ALLAH m'a accordé, ma seule et souveraine gratitude ne le couvre plus; par conséquent, j'invite toute personne que mon bonheur personnel réjouirait de s'unir à moi dans la reconnaissance à ALLAH chaque fois que l'anniversaire de ce jour le trouve sur terre."
C'est d'ailleurs la bonne et simple raison qui fait qu'il y a parmi les anciens adeptes, les doyens d'âge, qui eux, avaient même abandonné le sacrifice de la fête de l'Aïd-El-Kabîr, arguant solidement qu'ils ne sont en rien les obligés du saint Abraham, c'est le Cheikh qui est leur véritable Bienfaiteur.
Sachant dès lors que cette circonstance est son jour de fête, c'est l'occasion même qu'ils attendaient pour égorger leur mouton destiné à la fête de "Tabaski" ou "Aïd-el-Kabîr"; et même nous autres durant notre enfance, l'appelation "TABASKIWAAT"12 est celle qu'à l'unanimité nous en avons retenue.
[ 12 "Tabaskiwaat": c'est un mot wolof qui signifie "la seconde fête du sacrifice. ].
En recommandant la célébration, il avait dit:
"Tout individu que l'occasion de ce jour trouve quelque part est prié d'y consacrer toute la mesure de ses possibilités sans restriction et ce, du sacrifice des espèces allant du chameau à la poule; chacun, individuellement, avec les moyens d'oblation dont il dispose est prié d'intervenir."
Il en est une des propositions au sortir juste de l'évènement qu'ALLAH notre Seigneur lui a faite - sa mission fut alors accomplie et ce fut avant son retour - à savoir:
... [Le Prophète lui fit don de nombreuses demeures béatifiques au Paradis] ...
Après ce noble acte du Prophète à son endroit, il lui témoigna vivement sa gratitude, ses remerciements les plus chaleureux, reprit la concession et la lui rendit sous forme de "Don Pieux" (Hadiyya), insistant qu'il la redonnait sous cette forme pour la simple face de ALLAH (le Très-Haut).
L'Envoyé d'ALLAH lui redit:
"Je l'accepte mais dans cette approbation, toute la Grâce que génère un Don Pieux, surtout celui de ce genre, tu l'auras de ce geste. Cependant cette acquisition est une faveur qui provenait délibérément de moi, et l'autorité de ma personne se refuse de reprendre ce qu'elle a déjà prodigué. Je te l'attribue une deuxième fois."
Il sollicite auprès de lui (le Prophète) ceci:
"Que cela reste néanmoins sous ta propre garde jusqu'au Jour Ultime13 et celui qui en trouvera délivrance, saura qu'il est repêché et alors ne pourra guère le nier ..."
"... mais mes propres adeptes, qui se sont employés à l'observance de mes recommandations sans faillir derrière moi, qu'ils occupent au bout des comptes des demeures qui ne leur étaient point dévolues à l'origine, j'ai honte de cela, j'ai horreur de cela et ma pudeur ne me le permet pas."
[ 13 Jour du Jugement dernier.]
En somme toutes ces marques d'honneurs interpellent à son niveau une action de Grâce à rendre à ALLAH et aussi à Son Prophète, c'est à cause de cela d'ailleurs que nous recommandons à tout le monde de venir rendre Grâce pour lui.
Un tel témoignage de Reconnaissance, se plaçant dès lors à posteriori de son emprise directe, il ne le peut plus nous en sommes sûrs. Aussi nous autres qui vivons encore dans ce monde, avec les nombreuses adversités qu'il comporte, ses Bienfaits nous parviennent si abondamment que celui d'entre nous qui tenterait de s'acquitter individuellement de sa part de reconnaissance, ne s'en sortirait pas.
Aussi n'assumant plus rien de notre propre condition, étant entendu que c'est strictement dans son action et ses Bienfaits que nous sommes inclus, s'il ne nous demande qu'à communier avec lui dans l'action de Grâce, cette communion doit être des plus aisées.
Quelque soit le milieu d'appartenance du musulman, s'il aspire à une Grâce qui lui sera utile ici-bas et dans l'Au-delà, elle peut s'assouvir dans les Bienfaits que Serigne Touba [Cheikh Ahmadou Bamba] nous a apportés et quant à ces dons qu'il a reçus d'ALLAH, ils n'ont laissé personne perplexe.
Si vous voyez d'ailleurs que je ne cesse de vous exhorter à venir prendre part, à être plein de détermination, de former à l'occasion tous vos voeux ici, c'est que j'ai les meilleurs intentions en vous et bien qu'inapte à les satisfaire, je sais du fond de mon être que ceci peut donner à chacun l'occasion de réaliser ses voeux; c'est à ce niveau d'épilogue qu'il m'est suffisant de suspendre avec vous mon argumentation.
Effectuer donc le pèlerinage en ce lieu est un devoir pour tout individu qui, pour sa part est soucieux d'une parcelle de Bienfait, à plus forte raison ceux qui se sont inféodés à ses prescriptions et c'est d'ailleurs une recommandation faite à l'ensemble des Mourides.
Quant à nous autres qui vivons à Touba, d'autres se payent le billet pour venir nous y trouver mais ne croyons pas qu'ils doivent être plus résolus que nous, ou qu'ils veulent plus de Bénédiction que nous, ou encore qu'ils croient plus en lui [le Cheikh] que nous. Ayons la conviction que nous sommes congénères.
ALLAH nous a privilégiés d'y vivre et eux, ils viennent de loin nous y trouver, donc nous autres aussi notre charge - ce qui nous a dispensé de payer le billet - nous devons nous y atteler. Il s'agit de faire en sorte que tout pèlerin s'éloigne de l'incommodité jusqu'à la fin de son séjour dans cette ville et ce, dans les domaines du manger, du boire, des dispositions les mettant hors de la malséance en toute chose.
Ceci est pour nous un impératif dont nous ne devons même pas douter de son caractère obligatoire en nous. Ayons la ferme intention de le faire, car les pèlerins et nous les hôtes, nous sommes congénères. Celui auprès de qui on effectue le pèlerinage est le principal responsable de tout et c'est à lui que nous avons tous ensemble prêté allégeance, et ce qui amène tout un chacun à se dépenser lui est strictement destiné.
Donc faisons preuve d'Amour Propre, de Persévérance nous aussi dans ce qui est notre devoir, c'est là le privilège qu'ALLAH nous a accordé. Qu'on vienne nous trouver, en vérité est pour nous une Faveur d'ALLAH; sachons donc que tous les arrivants sont nos semblables, la Bienveillance qu'ils méritent tous, nous y appliquer avec l'intention de la parfaire au maximum.
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